Juin 1999

Par exemple il me paraît aussi tout à fait superflu d'attirer votre attention sur les beaufs qui, au lieu de profiter des pistes de ski, appellent toutes leurs relations sur leur blaireauphone pour leur annoncer qu'ils sont dans telle ou telle station. Ceux-là, vous les avez déjà repérés depuis longtemps.

Cette page n'a pour objet que de vous dépeindre deux catégories qui n'ont qu'un point commun : c'est leur vocabulaire qui permet de les reconnaître:

le con qui croit vous impressionner(le CQCVI)
la pauvre cloche sans personnalité (la PCSP).

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Historique du CQCVI

Son origine se perd dans la nuit des temps. A côté des savants et des érudits, il y a toujours eu des gens qui reprenaient leurs termes sans les comprendre mais en étant sûrs d'impressionner le vulgum pecus (in English the grass-root, en Français Madame Michu).

Il est vrai que pendant longtemps ils y arrivaient facilement en raison de l'ignorance de la plupart des gens.

Plus près de nous, nombreux sont ceux qui citent la loi des grand nombres sans avoir la moindre idée de cette loi mais en espérant que leur interlocuteur la connaît encore moins qu'eux.

Au XVIIème siècle, il suffisait de quelques mots de latin pour avoir l'air important et les Diafoirus étaient nombreux.

Jusqu'à l'invention de la radio, alors que la plupart des gens ne sortaient jamais de leurs villages, quiconque venait d'ailleurs pouvait raconter à peu près n'importe quoi et le CQCVI était florissant.

Au cours du 20ème siècle, le CQCVI est devenu commercial, politicien ou consultant.

Le QCQVI aujourd'hui

A mesure que les gens deviennent plus instruits, le CQCVI apparaît de plus en plus pour ce qu'il est réellement et doit évoluer pour s'adapter au changement du milieu.

Le CQCVI actuel impressionne surtout lui-même. Dans ses phrases, il y a toujours des mots inutilement compliqués. Il est persuadé que l'emploi de ces mots suscite l'admiration des foules alors qu'au contraire ils permettent à la plupart des gens de le reconnaître pour ce qu'il est réellement.

Vous pouvez reconnaître le CQCVI dans votre entourage, chez vos fournisseurs, ou dans les media. Pour vous aider à le reconnaître, je vous offre quelques-unes des expressions préférées du CQCVI.

absolument remplace définitivement le mot oui que le CQCVI trouve beaucoup trop simple.

finaliser le CQCVI est très friand de ce verbe qui n'existe pas dans la langue française, même si des marchands de dictionnaire viennent récemment de le rajouter pour suivre la mode.

un différentiel employé à la place de une différence.

une problématique le mot "problème" est beaucoup trop commun pour le CQCVI..

expliciter au lieu de expliquer.

bien évidemment alors que "évidemment" suffit. Avez-vous déjà entendu "mal évidemment" ?

à l'aube du 3ème millénaire, ou à l'aube du 21ème siècle
là, vous pouvez être sûr d'avoir affaire à un professionnel de l'indignation.
Cet hypocrite cherchera à tout prix à vous culpabiliser si vous ne dites pas exactement comme lui.
Essayez de ne pas participer à la conversation et observez le bien pendant qu'il essaye de manipuler les autres.
Ce peut être très instructif.

Le CQCVI peut aussi se reconnaître par le titre qu'il se donne

* L'Ingénieur Commercial autoproclamé qui n'a jamais mis les pieds dans une école d'Ingénieurs,
* le marchand de matelas qui s'intitule litologue,
* le coiffeur qui s'affiche bioesthéticien-capiliculteur,
sont des CQCVI faciles à reconnaître.

Que faire face à un CQCVI ?

Il ne cherche qu'à vous rouler; alors fuyez le comme la peste.

Histoire vécue

Je venais à peine de terminer la première version de cette page lorsque j'ai rencontré un individu qui vendait un concept de télémarketing. Il m'a fallu lui poser un certain nombre de fois la même question pour savoir ce qu'il vend exactement. Chaque fois il me répondait que ce qu'il vendait était un concept. Ce gugusse vend un ordinateur configuré pour le marketing téléphonique (avec carte spéciale + logiciel).

C'est un exemple typique de CQCVI, tellement auto-satisfait d'embrouiller ses clients avec son concept qu'il tient le même discours à tous les gens qu'il rencontre.

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J'avais d'abord intitulé cette catégorie Pauvre Type Sans Personnalité. J'ai remplacé type par le terme plus générique de cloche parce que la répartition de cette catégorie dans la population respecte la parité.

La PCSP se reconnaît facilement : elle est tellement peu sûre de ce qu'elle dit qu'elle croit nécessaire d'ajouter à toutes ses phrases des expressions parfaitement inutile comme si elle s'excusait de ce qu'elle dit.

Voici quelques-unes de ses expressions :

Donc Heu... au début de ses paroles.
la PCSP est tellement génée de devoir parler qu'elle ne sait comment démarrer et fait semblant de continuer une conversation fictive.

entre guillemets
les guillemets sont des signes typographiques et ne doivent donc jamais être prononcés.
Si la PCSP prend la peine de les annoncer, c'est qu'elle n'est jamais sûre des mots qu'elle emploie, soit en raison d'un vocabulaire limité, soit par inquiétude maladive.
Certaines PCSP poussent le ridicule jusqu'à mimer les guillemets avec leurs deux index en même temps.
J'en ai même vu certains à la télé mimer les guillemets tout en prononçant "entre parenthèses".

quelque part
chaque fois que cette expression ne désigne pas un lieu et ne sert qu'à rallonger une phrase comme par exemple "ça m'étonne quelquepart".

par rapport à...
chaque fois que cette expression est employée à la place de "à cause de", "pour", "à propos de" ... .
Ce contre-sens est récent. La PCSP l'a entendu à la radio ou à la télé et s'imagine que si les présentateurs l'emploie, c'est que c'est "bien".
Ne pas confondre avec l'emploi de contre-sens plus anciens qui dénotent simplement un manque de culture (par exemple "une coupe sombre" ou bien "vous n'êtes pas sans ignorer" ou l'emploi de "conséquent" à la place de important ou l'emploi de "livide" à la place de blême...) .

c'est très... heu... très... enfin c'est très...
Cette personne ne sait pas encore quel adjectif elle va employer.
Comment pourrait-elle savoir que c'est TRES <cet adjectif> ?
cela dénote un emploi systématique des adverbes (ici "très") par peur de n'être pas assez pris(e) au sérieux.

Dans le même ordre d'idée, l'expression "à 200 pour 100" révèle indiscutablement une PCSP qui se croit obligée d'en rajouter, en espérant que son interlocuteur acceptera la moitié de ce qu'elle affirme. (J'ai même entendu des cas désépérés de PCSP qui parlent maintenant de 300 pour 100.)

l'emploi d'un joker
quand la PCSP vient d'entendre un mot qu'elle ne connaissait pas et qui lui paraît distingué, il est fréquent qu'elle se mette à l'employer à tort et à travers, et généralement à contre-sens presque dans toutes ses phrases.

l'emploi d'un refrain
cette expression peut être n'importe où dans la phrase et est toujours inutile
exemples : "j'veux dire", "j'vais t'dire", "en fait", "si vous voulez" ...
Souvent, cela devient tellement agaçant qu'on se surprend à compter les occurences du refrain au lieu d'écouter ce que la PCSP nous raconte.

madame la ministre
L'emploi au féminin du nom ministre est refusé par l'Académie, seule autorité compétente en langue française.
L'empressement des journalistes et des présenteurs à fayoter avec Élisabeth Guigou et Marie-Sécotine Royal est un indicateur du nombre de PCSP parmi eux.

c'est clair
essayez de repérer dans votre entourage le nombre de personnes qui emploient maintenant cette formule depuis le passage de Loft Story alors qu'elles ne l'employaient jamais auparavant. C'est un exemple facile à reconnaître d'un cas déjà cité : ceux qui s'imaginent que ça fait bien de parler comme les gens qu'on a entendu dans le poste.

additif décembre 2003

Voici une nouvelle manie des PCSP, de plus en plus fréquente et qui n'existait pas quand j'ai écrit cette page :
commencer une phrase sans savoir ce qu'on va dire et s'interrompre au milieu, (sans avoir rien dit de concret) en disant "Voilà." (ou ses variante "et voilà", "ben voilà", "voilà, quoi!") .

Que faire face à une PCSP ?

La PCSP n'est pas dangereuse même si sa conversation est fatigante.
Elle mérite votre commisération.
Faites semblant un moment de l'écouter avant de la refiler à un autre interlocuteur.

Histoires vécues

Il y a plusieurs décennies (déjà), mes parents avaient un jour invité un pauvre type qui plaçait le mot sophistiqué dans toutes ses phrases. Très vite, mes frères et moi-même nous nous sommes amusés à en faire autant. Mes parents étaient génés mais ce PCSP était content que nous parlions comme lui et ne s'est même pas rendu compte que nous nous payions sa poire.

Entendu à la télé

Une présentatrice, dans une émission où elle était invitée, parlant d'un garçon qui lui avait plu, a dit qu'il était subliminal. Le mot "sublime" ne lui suffisait pas; elle avait un jour entendu subliminal et pour cette ravissante idiote, puisque ce mot ressemblait à l'autre en plus long, il était forcément "mieux" que le premier.
Il ne lui est même pas venu à l'idée que deux mots pouvaient se ressembler sans avoir le moindre rapport sémantique.
C'est un cas typique de PCSP.

Prenez votre agenda et notez :

      * l'heure actuelle
      * CQCVI :
      * PCSP :
Pendant 24 heures faites une croix en face de chaque catégorie chaque fois que vous en reconnaissez un.

Ne comptez pas plusieurs fois le même.

Que ceux qui ont trouvé le plus grand nombre ne nous écrivent pas : ils n'ont rien gagné.

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Un collègue vient de me dire "par rapport à...". Est-ce une PCSP ?
ça dépend : le dit-il souvent, et emploie-t-il d'autres expressions caractéristiques de cette catégorie ?

J'emploie souvent certaines des expressions citées et pourtant je ne suis pas une PCSP.
C'est ce que tu crois.

Et toi, tu fais partie de quelle catégorie de cons ?
Moi? heu... ben... des vieux cons. Pourquoi ?

Y a-t-il des gens qui sont à la fois CQCVI et PCSP ?
Ils sont rares, et si faciles à identifier qu'ils ne sont guère dangereux.
Il y a aussi beaucoup de simples PCSP qui répètent bêtement les expressions qu'ils ont entendues dire par des CQCVI.

Il y a d'autres catégories de cons qui mériteraient d'être décrites.
C'est vrai. Dépêche toi de leur consacrer quelques pages et me donner ton URL. Je mettrai un lien.
D'ailleurs en voici quelques-uns :

Ici des liens pointaient sur plusieurs pages du site de Jérome Cheval, un des meilleurs à mon avis. Malheureusement il s'est fait pirater son domaine (dont je ne donne même plus le nom) et les liens amènent sur des sites pornos :-((


http://angelfire.com/sc/Findaway/connerie.index.htm : une page sur la connerie. intérêt moyen

http://multimania.com/piour/cons/index.htm : concours mensuel du plus gros con. Le webmestre n'a que 19 ans, ce qui explique son parti pris gauchiste. Pour lui les cons sont forcément les politiciens de droite, les patrons, et accessoirement qq journalistes sportifs qui n'ont pas les mêmes préférences que lui.
à voir... si vous partagez ses idées.

le site de Micky
quand j'ai mis le premier lien vers ce site, il y avait trois pages sur la connerie, dont les perles de sa prof de sciences nat. Depuis, il s'est développé, avec entre autres une page sur les lofteurs 2ème série.

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mai 2002

Parmi les nombreux lecteurs de cette page, j'en ai eu un qui s'est vexé. J'ignore dans quelle description il s'est reconnu, mais sa question montre qu'il n'a pas lu bien loin.
Je vous livre sa prose.

décembre 2003

Alors que cette page existe depuis 4 ou 5 ans et n'avait été remise à jour depuis un an et demi (je me consacre surtout à mon autre site), en voici un autre qui débarque :

Pour ce dernier, la question de sa catégorie ne se pose pas. En effet, si mon étude n'était pas au 1er degré (et elle l'est), elle ne pourrait être qu'au second.
Celui-là parle du centième degré (sur 2). Il est incontestablement un exemple flagrant de ceux que je décris ici.
Son courriel m'incite à apporter une précision : il me demande qui je suis pour juger.
Je précise que la connerie ne se juge pas. Elle se constate, tout simplement.

Décembre 2009

Dix ans après avoir écrit cette page, je viens de découvrir un si gros CQVVI que je ne peux m'empêcher de l'ajouter.

A Lyon, le 8 décembre était traditionnellement une fête religieuse avec illumination.
Elle a été remplacée par une "Fête des Lumières" municipale qui a cette année été transmise en direct sur FR3.
J'ai enregistré l'émission et viens d'en regarder une tranche.

D'abord saluons le métier de lumisticien qui trouve maintenant sa place à côté du bioesthéticien et du litologue.

Ensuite inscrivons dans les annales cette phrase splendide du lumisticien Laurent F.

C'est en suscitant des incidents visuels que l'on rend actif l'action de voir.

Vous avez bien lu. Il veut une action actif.
Non seulement sa phrase est un des plus beaux fleurons des CQCVI, mais il arrive à y mettre en même temps un pléonasme et une faute d'accord.

Mars 2006 : Évolution de la PCSP 7 ans après la création de cette page

    c'est clair est passé de mode.
    j'veux dire est aussi en léger déclin.
    en fait est toujours aussi florissant.
    Malheureusement, donc heu voilà quoi...qui commençait en 2003 à servir de joker est devenu fort envahissant.
Pas une émission de radio ou de télé sans qu'un(e) invité(e) ne l'utilise abondemment.
Je vous rappelle sa traduction en langage clair :
<<Je ne sais pas quoi raconter alors je vous laisse deviner tout seul ce que j'aurais bien pu avoir à dire.>>

Juillet 2011 : Évolution de la PCSP 12 ans après la création de cette page

J'ai supprimé les paragraphes sur le loft 1 et 2 qui sont obsolètes.
    L'emploi de en fait persiste, comme celui de voilà.
    L'emploi de par rapport à est de pire en pire.

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